Nous publions une lettre de Pauline*, hôtesse d'accueil depuis 8 ans, qui a voulu témoigner sur ses conditions de travail. Entre le "manque de reconnaissance", l'immobilité salariale, et les cadences effrénées, elle nous livre un triste aperçu de la réalité de son métier.
«Je profite d'avoir cette très rare chance d'avoir la parole, pour témoigner sur mon travail. Je suis hôtesse d'accueil standardiste pour 12 sociétés. Je suis salariée d'une société prestataire de services : mon employeur me place sur un site où j'exerce le métier d'hôtesse d'accueil. Je ne choisi pas le site, et une clause de mobilité m'oblige à accepter tout changement de site. Il est demandé à une hôtesse de maîtriser les modalités d'accueil, le standard, Word, Excel, Internet et les messageries, ainsi que l'anglais (souvent à un très bon niveau).
Ce travail est un emploi "non qualifié", rémunéré au SMIC. J'ai 8 ans d'ancienneté, et me suis toujours vue refuser une revalorisation de mon salaire, une prime... C'est un travail autonome. Le client étant roi, nous faisons toutes les tâches demandées (gestion des badges, gestion des parkings, gestion des salles de réunions, services généraux, service courrier, etc). C'est nous-mêmes qui formont d'autres salariés pour nos remplacements lors de congés.
C'est nous-mêmes qui créons et mettons à jour la procédure. La procédure est un peu la Bible de l'accueil. Nous créons et mettons à jours les listes du personnel, nous devons nous informer de toutes les interventions dans le bâtiment afin de pouvoir en informer les locataires : nous nous assurons du bon fonctionnement des ascenseurs, des interventions techniques, de la maintenance.
Au moindre problème nous contactons les techniciens et prestataires et assuront le suivi afin d'en informer notre client. J'ai essayé, en vain, de faire reconnaître l'importance de notre métier, nos responsabilités, les multiples compétences requises pour tenir ce type de poste. Les grandes sociétés qui emploient des hôtesses s'étonnent d'un turn over de 47%, de burn out, d'absences.
Je suis certaine que d'autres métiers patissent de ce manque de reconnaissance. De plus, ces grands groupes profitent de la précarité de leurs salariés. Souvent, pour des problèmes d'organisation, des hôtesses se retrouvent à faire des horaires de 8h à 20h sans pause. Un rendez-vous urgent chez le médecin va être refusé. Etc, Etc. Il y a une absence de plan de prévention sur les sites (très souvent). Et les conditions de travail sont souvent très mauvaises, sauf sur quelques sites luxueux.
Il est impossible de changer les choses de l'intérieur, quand on est soi-même salarié. Curieusement, les tentatives de rémédier aux problèmes se soldent souvent par du chantage : on craint d'être muté sur un site très éloigné par exemple, de se voir refusé des dates de congés, etc. Je vous remercie pour cette fenêtre ouverte.»
* Le prénom a été changé