Matthieu, collaborateur d'élus : aime la stimulation intellectuelle, ne supporte pas le costume-cravate

Matthieu, 25 ans, est salarié dans une association d’élus proche d’un parti politique. Il se définit comme  « une courroie de transmission entre d’un côté les élus locaux, de l’autre, le gouvernement et le Parlement ».  Une métaphore mécanique à l’image de sa répartie et de son sens de la formule.  

 

Concrètement, le travail de Matthieu consiste à potasser les évolutions législatives. Une fois la documentation achevée, il doit défendre les intérêts des maires et conseillers municipaux qu’il représente à des réunions, des déjeuners… Bien souvent, c’est lui qui invite.

 

 

« J’aime la stimulation intellectuelle et les rencontres enrichissantes que me procurent mon travail »

 

Matthieu doit fréquemment se saisir dans l’urgence de textes de loi et de sujets qu’il ne maîtrise pas à l’origine. Pas pour en connaître vaguement les enjeux, mais pour devenir « spécialiste » en la matière.  « La diversité des thèmes que je dois m’approprier m’apporte une stimulation intellectuelle extrême. C’est ce qui me plaît et c’est pour ça que je fais ce travail. »

 

Cette expertise acquise lui sert, selon lui, à « orienter » les textes de loi, une capacité d'inflexion dont il tire une certaine fierté.  Malgré le fait qu’il évolue « dans l’ombre du décideur », il prend plaisir à rencontrer presque quotidiennement des experts et des parlementaires avec lesquels il a des « conversations enrichissantes » : « c’est pas compliqué, si je pouvais dire directement à mes interlocuteurs ce que j’attends d’eux, ce serait : ‘fais de moi quelqu’un de moins con’. »

 

« Je n’aime pas me mettre en costard et les taches triviales »

 

Fraichement sorti des études, Matthieu a encore du mal à s’adapter aux impératifs vestimentaires de sa fonction. « Je n’aime pas me mettre en costard » lance-t-il spontanément. Mais pas seulement à cause des nœuds de cravate : « je trouve que le costume véhicule beaucoup de violence symbolique, et est synonyme d’une certaine standardisation des corps. Ça étouffe en quelque sorte le droit à l’individualité. »

 

Matthieu habite à Paris, dans la ville où sont concentrés tous les grands lieux de pouvoir en France.  Bien que disposant d'un appartement intra muros, il regrette la « déconnection spatiale entre [son] lieu d’habitation et [son] lieu de travail ». Le temps de transport extrêmement long est d'ailleurs un peu le lot de tous les Franciliens : en moyenne, ils passent une heure trente minutes dans les transports tous les jours selon la RATP.

 

Le jeune homme a eu un parcours d’excellence : prépa littéraire, Institut d'études politiques, puis attaché parlementaire auprès d’une ancienne ministre…  Il estime donc mériter mieux que les « tâches triviales » qu’on lui confie parfois : « le community management, les mises en page de la newletters et de certains supports de communication…  c’est vraiment la dimension intellectuelle qui me motive, et la dimension pratique de mon travail me gonfle énormément ».

 

Il fournit dans la foulée une analyse sur l’adaptabilité que l’on réclame de plus en plus aux jeunes employés, quelque soit leur profession : « on nous demande d’être de plus en plus polyvalents et de pouvoir réaliser des taches « bêtes », qui sont forcément peu valorisantes et enrichissantes… On veut que l’on soit des touches à tout, et on en finit par être des touches à rien ! »

 

Et puis, après un moment de réflexion, Matthieu relativise : « je travaille dans une petite structure, donc c’est un peu normal. Tout le monde doit mettre la main à la pate… »

 

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